mercredi 15 septembre 2010

Le nouveau Prêt à Taux Zéro (PTZ+) adroit à une présentation présidentielle!

Le Président Nicolas Sarkozy a dévoilé aujourd'hui les modalités du nouveau prêt à taux zéro (applicable dès 2011). Se substituant aux trois dispositifs existants, il n'est, à notre avis, pas la solution au problème du logement en France.

Partant du constat que 56% des Français étaient propriétaires de leur logement en 2007 et que leur proportion n'avait augmenté que de 1,2 point entre 2002 et 2007, le chef de l'État a renouvelé son souhait de voir la France revenir à proximité des 70% de la moyenne européenne. C'est l'objectif politique qu'il assigne à ce nouveau PTZ. Les trois mesures existantes s'effaceront au 31 décembre prochain pour laisser la place à ce nouveau PTZ.
Réservé aux primo-accédants, ceux ci bénéficieront d'un crédit gratuit pour un montant pouvant aller jusqu'à 40% du prix du bien acheté dans la limite d'un plafond modulable en fonction des prix de l'immobilier locatif.

MAIS:

Ce pourcentage maximum sera réservé à des logements neufs économes en énergie et situés dans des zones où l'immobilier est « tendu » et donc cher, à savoir les grandes agglomérations comme Paris, Lyon et Marseille ou encore la Côte d'Azur.
Le montant du prêt PTZ+ descendra jusqu'à 10% pour les logements anciens à faible performance énergétique.
Accordé sans conditions de ressources, le PTZ+ étalera son remboursement en fonction du niveau de revenu du foyer emprunteur (entre 5 et 30 ans)

Au delà du discours strictement politicien, le PTZ+ a surtout comme objectif de permettre à l'État d'économiser à terme 1,6 milliard d'euros par an. En effet, il remplacera à la fois le prêt à taux zéro actuel, le Pass-Foncier et le crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt immobilier. Cette dernière mesure est estimée particulièrement onéreuse par les technocrates de Bercy qui en évaluent le coût à 3 milliards d'Euros.

Déjà, nous entendons fleurir les louanges des professionnels de la banque et de l'immobilier qui réagissent positivement à cette annonce. « Ils estiment que cette mesure atteindra ses objectifs et permettra à plus de familles françaises de devenir propriétaires ». Je crois pour ma part que les banquiers se disent que derrière les emprunts à taux zéro, il y aura des crédits complémentaires, que l'amortissement du PTZ+ étant longue, ils pourront faire passer plus de crédits complémentaires (nous appelons cela « élargir l'assiette de solvabilité ») donc se gaver. Quant aux « professionnels de l'immobilier », j'imagine qu'il s'agit des promoteurs, nous allons voir pourquoi.

Vous l'avez deviné, mon analyse est un petit peu plus modérée que celle de ces chers « professionnels ».
Mes premiers calculs me permettent de penser que si les personnes à faibles revenus achetant de petits appartements labellisés « énergie » vont pouvoir s'y retrouver, les familles de la classe moyenne, celle qui est le plus touché par la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation de la fiscalité générale y perdent beaucoup (par rapport aux dispositions précédentes).
Ce ciblage social m'indispose à plusieurs titres. Tout d'abord, c'est, une fois encore, ceux qui gagnent trois fois le smic et plus par foyer qui voient leur pouvoir d'achat, leur capacité de constitution de patrimoine amputés. C'est d'autant plus regrettable que cette catégorie est celle qui, depuis quelques années trinque en permanence, celle que l'on dit vouloir voir préparer sa retraite alor qu'on l'empêche de se constituer un patrimoine. Ensuite, le ciblage des faibles revenus afin de les amener à la propriété immobilière de leur résidence principale, cela me rappelle trop un certain volontarisme politique de Bill Clinton qui a généré.... la crise des subprimes. Enfin, l'optimisation du système va inciter à construire petit, pas cher, ce n'est pas facteur de qualité de vie.

Autre reproche que je fais à ce dispositif: En privilégiant les habitats neufs, il risque d'accentuer l'abandon, voire la démolition de logements qui auraient pu être restaurés. C'est un coup dur pour le marché de la rénovation et pour le patrimoine architectural français.

Enfin, accentuer l'aide à la propriété du logement sur l'unique résidence principale et sur les primo-accédants ne va certainement aider à la mobilité, facteur important de la reprise de l'emploi en France. Au contraire, la mesure du crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt permettait d'alléger le coût d'acquisition tout en autorisant une éventuelle mise en location en cas de nécessité de déménagement. La propriété de sa résidence principale ne devenait pas un « fil à la patte » supplémentaire.

En conclusion, je dirai que les mesures de soit disant rabot des niches fiscales auront un impact négatif sur la construction et la réhabilitation dans les années qui viennent. Il y a un manque crucial de logements en France et tout ce qui pouvait aider au maintien du marché est actuellement détricoté.

mercredi 8 septembre 2010

Les "Mona Lisa" n'ont pas retrouvé le sourire.....

En 2000, Mona Lisa, promoteur spécialisé dans les résidences services, vend des chambres dans des hôtels à des investisseurs particuliers attirés par de substantiels avantages fiscaux. Le principe en est simple : vous achetez une chambre ou un appartement dans une résidence exploitée par une société avec laquelle vous signez un bail commercial. L'exploitant gère la résidence, loue les chambres d'hôtel ou appartement de vacances et vous verse un loyer convenu dans le bail commercial. Dans tous la plupart des cas, les clients adoptent l'avantage fiscal du loueur en meublé professionnel (LMP). Pour l'obtenir, il faut dégager au minimum 23 000 euros de revenus fonciers. C'est, comme par hasard, le montant du loyer prévu dans le bail commercial pour l'achat de deux chambre ou d'une suite dans un établissement "Mona Lisa", soit un investissement d'environ 400.000 euros. Ce montage représente une belle rentabilité de 5,75% quasi nette d'impôt. Une apparente bonne affaire!

Mais voilà, en 2008, la gestion de Mona Lisa patine. Les formidables rentabilités promises sont dures à tenir et les commissions dégagées sur la vente de nouvelles résidences ne suffisent plus à compenser les pertes d'exploitation sur les programmes vendus les années précédentes. Le château de cartes s'écroule. En 2008 et 2009, les investisseurs ne perçoivent pas un centime de loyer de la part de Mona Lisa Hôtels et Résidences. Par contre, ils doivent continuer à rembourser leurs crédits... Une situation plaçant certains budgets familiaux mal conseillés ou victimes de vendeurs peu scrupuleux au bord de la faillite personnelle.

Anticipant la chute finale de l'exploitant, les investisseurs se regroupent en association, commandent un audit de l'exploitation de leur hôtel et décident d'assurer eux-mêmes le contrôle de la gestion via un exploitant choisi par leurs soins. Le résultat de leur audit laisse apparaitre que le projet est économiquement viable sur la base d'un loyer annuel global d'environ 400.000 euros, contre les 600.000 prévus lors du bail signé avec Mona Lisa.

Le dépot de bilan de Mona Lisa va tout bouleverser.

Le tribunal de commerce de Paris prononce début 2010 la liquidation judiciaire de l'exploitant et, curieusement, cède pour 2 millions d'euros (une somme ridicule) l'exploitation de 18 résidences à un nouvel exploitant. Cette décision, compréhensible dans le cas d'une reprise d'actifs conditionnée est fortement contestée par les propriétaires (les investisseur) dans le cas d'une liquidation. Ils refusent de signer un bail avec un exploitant qu'ils n'ont pas choisi et qui leur promet un loyer de 150 000€ (qutre fois moins que prévu). Quelques mois plus tard, c'est la guerre avec le liquidateur judiciaire qui a confié leurs clés au nouvel exploitant, Dofre Estate. Un nouvel exploitant qui se retrouve sans bail et que les investisseurs considèrent purement et simplement comme un squatteur.

L'avocat des "Mona Lisa" multiplie les procédures afin d'obtenir l'expulsion de l'"exploitant-squatteur". Après avoir obtenu gain de cause à Poitiers, Colmar et Saint Gaudens, il plaide demain à Draguignan.

Quelques soient les résultats de ces procédures, gageons que les investisseurs ne sont pas prêt de revoir le montant de leurs investissements ni les avantages fiscaux auxquels ils s'attendaient. Leur aventure doit faire réfléchir bon nombre de Français, toujours prêts à investir les yeux fermés dès lors qu'on leur promet une "défiscalisation". Elle doit faire aussi réfléchir tous ceux qui, trop facilement, prennent les investisseurs pour d'affreux capitalistes qui ne méritent rien de mieux que d'être tondus et sur qui doivent fondre les foudres des redresseurs de torts de Bercy.....