lundi 26 octobre 2009

Quid du respect du contrat?

La ville de Saint-Étienne va assigner la Deutsche Bank devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour faire annuler un "emprunt toxique" de 20 millions d'euros, a annoncé lundi 26 octobre son maire Maurice Vincent (PS). Saint-Étienne est la première ville française à annoncer l'assignation d'une banque dans le cadre de la lutte des collectivités locales contres ces emprunts à risques.

La ville avait souscrit auprès de la première banque allemande un produit financier complexe, qui pourrait s'avérer ruineux: un swap adossé à la parité de la livre sterling sur le franc suisse. "L'effondrement de la monnaie britannique portera à partir d'avril 2010 à 24% le taux d'intérêt, contre 4,3% actuellement, pour cet emprunt qui court jusqu'en 2022, soit un surcoût de 3,7 millions d'euros par an, équivalent à une augmentation de 4% des impôts locaux", s'est insurgé le maire de Saint-Étienne. Ce n'est pas là le seul emprunt stupide souscrit par les élus stéphanois. "En 18 mois, nous avons réduit de 70% à 49% la part des emprunts toxiques dans notre dette", a précisé Jean-Claude Bertrand, l'adjoint aux finances de la ville.

Malheureusement, St Étienne n'est pas la seule collectivité française embourbée à envisager ce type de procédure.

Rouen, Laval, Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), ou le département de Seine-Saint-Denis, ont aussi concernées.

Claude Bartolone, président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, a mis en demeure lundi cinq banques auprès desquelles son département a contracté des "emprunts toxiques", de revoir ces contrats, faute de quoi il portera l'affaire en justice.

La Commission bancaire, autorité de contrôle des banques françaises, a ouvert récemment une enquête sur les "produits structurés de dette" vendus par les banque aux collectivités locales, des obligations à taux révisables qui leur ont parfois valu une forte hausse des intérêts dus.

Interrogeons nous. Qui est responsable? La banque que la collectivité était bien contente de trouver au moment où elle a décidé de souscrire cet emprunt, ou les élus, décisionnaires, qui ne se remettent pas en cause et voudraient aujourd'hui, selon la loi classique des irresponsables, l'argent du beurre (ne pas payer les intérêts) après le beurre lui même (le capital)?

La règle non écrite mais communément admise qui veut que les élus ne sont pas responsables de leurs actes de gestion, les électeurs n'étant pas obligés de les choisir, est chaque jour battue en brèche par une jurisprudence quelquefois difficile à suivre. Ainsi un Maire peut il être tenu pour responsable d'un accident survenu à un de ses citoyens dans le cadre d'un usage non-autorisé d'un équipement (affaire du petit garçon décédé alors qu'il jouait au pendu sur des buts de handball sans surveillance de ses parents). Le choix d'un organisme de crédit et des conditions d'un emprunt sortiraient de ce champs de responsabilité? L'élu pourrait se retourner en justice contre la banque ou l'organisme? Comme certains particuliers qui affirment qu'on ne leur avait pas bien expliqué ou qu'ils n'avaient pas compris ou qu'ils ont été influencés ou ou ou....

A chaque fois que j'entends ce genre d'argument, je ne peux m'empêcher de me dire que tous ceux qui contestent un contrat qu'ils ont librement signé au prétexte qu'ils ont été influencés devraient se voir interdits de droit de vote car reconnaissant eux mêmes qu'ils sont incapables de prendre une décision en toute liberté. Et voici qu'aujourd'hui, ce sont des élus qui vont devant la justice pour dire... quoi, exactement? "On ne savait pas, on a été trompés"? Quel aveux d'incapacité, d'irresponsabilité. Si les uns ne devraient pas avoir le droit de voter parce qu'incapables de prendre une décision autrement que sous influence, les autres ne devraient plus avoir le droit d'exercer quelque mandat que ce soit. Interdits de gérer un collectivité, comme d'autres, ayant failli, se retrouvent interdits de gérer des entreprises.

samedi 17 octobre 2009

La chute du dollar, une bonne ou une mauvaise chose?

Nous ne cessons de le répéter depuis des mois, le déficit et l'endettement abyssinaux des États vont déclencher une vague inflationniste majeure dans les toutes prochaines années.

Le gouvernement d'Obama, exactement comme l'ont fait tous les gouvernements précédents aux USA, a beau répéter qu'il soutient sa monnaie, le billet vert ne cesse de chuter. Véritable catastrophe ou bonne politique? Tout dépend, bien sûr, du point de vue auquel on se place.

"Notre gouvernement transforme notre monnaie nationale en dollar du Zimbabwe". Voilà le triste destin qui attend le dollar à en croire le professeur d'économie William Anderson. Le billet vert a en effet touché jeudi son plus bas niveau en 14 mois face à la monnaie unique européenne, à près de 1,50 dollar pour un euro.

L'explication, selon M. Anderson, est celle-ci : "le dollar chute parce que le reste du monde a compris que les Etats-Unis ne sont plus un « refuge » et que les investisseurs vont voir ailleurs". La preuve : au second trimestre, les banques centrales ont investi 63% de leurs nouvelles réserves de liquidités dans l'euro et le yen et seulement 37% dans le dollar, alors que la moyenne sur les dix dernières années était exactement inverse. Un dollar faible équivaut à une fuite des capitaux. Autre indicateur qui ne plait pas au Américains: Sur les six derniers mois, le dollar a perdu 15% tandis que l'or augmentait de 150 dollars.

La première conséquence de cette politique? Exactement l'inverse du discours politique d'Obama: Le marché des actions est en hausse. Le seul bénéficiaire aujourd'hui de la situation est Wall Street : Ceux qui ont emprunté pour acheter ont touché le jackpot. Les riches se sont enrichis. D'un autre côté, le capital a fui, freinant la croissance de l'emploi. Les loyers, le pétrole et la nourriture ont augmenté plus vite que les salaires. En euros, le PIB par habitant aux Etats-Unis a baissé de 25% depuis 2000, alors qu'il est en hausse de 4% en Allemagne.

L'économie américaine serait elle un joli décor de théâtre en carton pâte?

Sarah Palin a également exprimé sa préoccupation, sur sa page Facebook, quant à la manière dont la chute du dollar affectait l'image des Etats-Unis en tant que puissance mondiale. Mais, est-ce là le plus important?

La chute du dollar, que je vous ai annoncée dès le déclenchement de la phase "chaude" de la crise, est logique. Les USA tirent les premiers. Pourquoi? Parce que, dans une situation de très grande instabilité économique comme celle que nous vivons, il est impossible que tous les Etats restent solidaires et se coalisent. Il en est toujours un qui, pour être le premier à tirer les marrons du feu, joue sa carte perso, au risque de faire exploser le système. Les USA nous ont appris, à travers l'histoire, que leur solidarité s'arrêtait aux limites de leurs frontières et qu'ils étaient toujours prêts à... faire payer les autres. Que ceux qui ont cru au miracle "Obama" redescendent sur terre. Pendant que les autres monnaies se maintiennent, la zone $ produit à coûts sous évalués et se désendette, ou, plus exactement dévalorise la dette qu'elle a l'égard des investisseurs étrangers qui lui ont acheté du papier fédéral.

Ainsi va le monde, quoi qu'en disent certains, mu par des forces et des réflexes qui, dans les grands moments resurgissent. "Je n'y peux rien, c'est ma nature", a répondu le scorpion. Allons nous tous couler?

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