mercredi 10 mars 2010

Toujours plus, toujours mieux…. Dans la démagogie !

C'est aujourd’hui que les milliers de salariés de la banque d'investissement de la Société générale vont savoir à combien se monte leur rémunération variable au titre de 2009. Vendredi dernier, c'était chez BNP Paribas. Pas de surprise, les bonus annoncés sont nettement inférieurs à ceux des banques anglo-saxonnes.

Histoire d’alimenter la démagogie et les réactions scabreuses des jaloux de tout poil, la BNP et la Socgen ont « lâché » leurs deux plus gros bonus : 10M€ pour BNP ; 6.5M€ pour Socgen. Bien évidemment, ces deux là ne sont peut être pas trop à se plaindre de la comparaison avec leurs homologues des banques étrangères, mais ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble des rémunérations.

Il faut reconnaître que la partie n’a pas été facile à jouer pour les banques françaises qui durent concilier deux impératifs opposés : contenter une opinion publique indignée et chauffée à blanc par un corps de politiciens démagogues et, en même temps, payer suffisamment les professionnels, dont beaucoup ont réalisé une année record, pour qu'ils ne soient pas tentés d'aller à la concurrence. Nouveau cette année, il leur a fallu passer par les fourches caudines de Michel Camdessus, dit « le Tsar des rémunérations» nommé par Nicolas Sarkozy, le Président qui s’était augmenté de 184% lors de sa prise de fonction.

Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, devait s'assurer que les rémunérations variables proposées par les six banques françaises ayant bénéficié du soutien public respectaient les règles du G20 (une partie du bonus en cash, le reste versé de manière différée, en partie en actions, sous condition de performance).

Reste à savoir maintenant si les montants offerts vont satisfaire les meilleurs mercenaires quand les banques anglo-saxonnes, elles, appliquent les règles avec moins de rigueur. Nous avons bien des exemples (encore aujourd’hui avec le marché des avions ravitailleurs américains) où la France perd beaucoup à jouer l’angélisme quand personne, en face, n’est sur le même registre !

jeudi 4 mars 2010

Le Photovoltaïque est il un bon investissement ?


Pas si sûr !


Deux raisons nous amènent à prôner la plus grande prudence à nos clients : Les risques d’arnaque ou d’incompétence (qui se multiplient), et le montage économique qui ne semble pas pérenne, c’est le moins que l’on puisse dire !


Les risques d’arnaque ou d’incompétence :

Il y a régulièrement des secteurs du commerce qui connaissent un véritable boom. Cela ne veut pas forcément dire que nous sommes en présence d’une escroquerie, mais qu’il faut se méfier car à chaque fois qu’il y a beaucoup d’argent à gagner, les escrocs sont présents. C’est ce qui se passe aujourd’hui avec le solaire photovoltaïque. Entre les présentations dithyrambiques des démarcheurs, qui vont parfois jusqu'au mensonge, et le manque de formation des installateurs, ce jeune marché de l'investissement des particuliers en panneaux solaires présente toutes les caractéristiques d'un Far West où les pigeons se font plumer à tire d’aile.

Depuis 2007, entre 2 000 et 4 000 sociétés nouvelles se sont créées chaque année en France pour satisfaire une demande qui a décuplé. L'ampleur des subventions versées appâte les entrepreneurs, qui se dépêchent d'augmenter leurs prix pour dégager des marges volumineuses. Ils savent pertinemment que cette manne financière ne durera pas. En Allemagne, où le marché est mature et où la concurrence est sérieuse, un matériel standard est vendu de 6 000 à 10 000 euros moins cher qu'en France.

Lire à ce sujet : http://www.lexpansion.com/patrimoine/immobilier/la-societe-bsp-palme-d-or-de-l-arnaque-au-solaire_227724.html

L’arnaque n’est pas le seul danger. L’incompétence est aussi fréquente. Les nouveaux entrepreneurs du solaire qui, hier, vendaient des chaussures, des salons, des vérandas, des abris de jardin ne sont pas toujours au top de la technique photovoltaïque. Les exemples de panneaux montés à l’ombre, de toits qui ne sont plus étanches après le passage des installateurs, d’onduleurs jamais installés, d’inclinaisons farfelues des panneaux sont légion.

Le montage économique :

L'installation a une durée de vie d'environ vingt-cinq ans pour les matériels les plus performants (rarement les plus vendus). Que sait on du coût d’entretien de ces installations durant les 20/25 années ? Rien. Que sait on de la surprime d’assurance pour couvrir le risque de vol sur ce genre de matériel exposé ? Rien. Votre maison est-elle conforme aux normes exigées en matière d’isolation ? S’il vous faut changer les fenêtres ou refaire l’isolation extérieure (même avec de nouvelles subventions), la facture risque d’être salée.

Aujourd’hui, les aides régionales et gouvernementales (un crédit d'impôt couvrant la moitié des coûts de l'équipement et plafonné à 8 000 euros pour une personne et à 16 000 euros pour un couple) et les conditions avantageuses de rachat de l'électricité par EDF (vous en trouverez le détail sur Ma Vie Mon Argent : http://www.maviemonargent.com/lexique.html/v ) permettent de « rembourser » l'investissement après une grosse douzaine d'années d'exploitation (tout dépend de la pertinence de l’installation et de l’ensoleillement de votre région). Ensuite, c'est tout bénéfice pour l’investisseur, qui peut alors compter sur une rente annuelle comprise entre 1 200 et 2 000 euros, toujours selon la performance de l'installation et la localisation géographique. Douze ans de patience, donc, quand tout va bien.

Mais ce calcul n’a des chances de tenir que dans la mesure où EDF continue de vous payer l’électricité produite plus du double du prix auquel …. Elle vous le vend !!!! (sic) Ce genre de situation de vente à perte, situation « anti-économique » par excellence NE PEUT PAS DURER . La preuve, les tarifs 2010 sont déjà inférieurs à ceux de 2006. Et EDF ne s’engage à vous les garantir que jusqu’en 2012. Qu’adviendra-t-il après ?

« Le bon sens » nous dit que lorsqu’un montage économique est illogique et que sa garantie est d’une durée largement inférieure à celle qui est nécessaire à son retour sur investissement, il est sage de s’abstenir. En termes patrimoniaux, bien sûr. Si maintenant, pour des raisons de conviction vous souhaitez participer au développement de la production solaire d’électricité, nous ne sommes pas sur le même terrain.

Dans ce cas, prenez néanmoins soin de bien choisir votre prestataire !

Malhonnêteté de l'alternative "Prélèvements ou misère"


En réponse à un de mes articles concernant l'impérative nécessité de supprimer au plus vite les charges qui pèsent sur les salaires et le travail en France, un lecteur a laissé le message suivant:

"Remettre en cause l'essentiel des prélèvements obligatoires, c'est remettre en cause entre autre, les politiques solidaires, de redistribution, et territoriales.
La sauvegarde de l'industrie doit elle conduire à aligner ces politiques selon les critères Chinois, Indiens et autres ? La lutte contre la pauvreté passe t elle par moins de social, et des alignements salariaux et sociaux sur les mêmes bases que les pays ci avant ?
Si vous me dites oui, alors vous serez cohérent avec les termes de votre analyse."

Telle fut ma réponse ("courte", comme toujours :-)) )

Je vous dis "non". Et je vous invite à croire que la réflexion, en particulier politique et économique n'est pas "manichéenne", mais qu'au contraire les pistes sont multiples.

D'ailleurs, vous citez des pays qui sont en voie de progrès social et économique (en ce qui concerne la Chine, c'est d'ailleurs le pays au monde où le niveau de vie progresse le plus vite. Depuis quand? Depuis qu'il rompu avec l'idéologie de répartition directive et étatique). Je vous invite d'ailleurs à réfléchir sur le fait qu'il n'y a pas de progrès social sans progrès économique.
La question qui vient à l'esprit: Peut il y avoir progrès économique sans industrie? Les pays qui ont choisi cette voie (UK, France par exemple) souffrent beaucoup plus de la crise que ceux (Allemagne) qui ont su conserver leur industrie. En effet, le progrès économique trouve sa source dans la plus value redistribuée. La création de plus value n'est pérenne que sur des activités "hard" (mortar), alors que les plus values "soft" (click, know how, finances) ne sont qu'éphémères. De plus, la redistribution (à travers la rémunération du travail) "arrose" une plus grande masse en activité "hard" que "soft". Chacun sait que c'est la réinjection dans le circuit de la consommation des plus values redistribuées qui créent le mouvement. La même somme réinjectée par un grand nombre génère plus de mouvement (donc un plus grand développement social) que réinjectée par un petit nombre.

Lorsque la France tue son agriculture et son industrie (politiques des années 70-2000), elle tue à moyen terme sa capacité à générer des plus values pérennes. On peut rêver (Chirac) d'en faire un parc d'attraction touristique, on peut rêver (Mitterrand) d'en faire un acteur majeur du savoir faire. Dans un cas on paupérise la population, dans l'autre on sous estime la capacité des pays émergents (ex: la Corée) à combler le fossé.

Concernant votre argument selon lequel la réduction des prélèvements obligatoires entraînerait de facto une réduction des salaires et des prestations sociales au niveau des pays émergents:
Je ne reprendrai pas la démonstration de "l'impôt tue l'impôt" qui est désormais trivial. Je vous inviterai simplement à réfléchir à ceci:

Notre système de protection social est tout entier couvert par des cotisations prélevées sur la plus value générée par les travailleurs français.

En lisant attentivement ceci, vous voyez tout de suite où le bat blesse:

Tous les produits importés sont exempts de ces prélèvements.
Tous les produits français vendus à l'étranger sont grevés de ces prélèvements.

Le simple "bon sens" économique amène n'importe quel producteur français.... à produire à l'étranger afin de ne pas subir le "surcoût" de la protection sociale française et pouvoir vivre la concurrence avec sérénité et à armes égales. Moyennant quoi, le cout de la protection sociale étant proportionnel à la population et non à la production, nous nous retrouvons chaque année avec un cout plus ou moins constant réparti sur une plus value en diminution. L'imbécilité ambiante résout le problème par... une augmentation des taux, ce qui entraîne une aggravation du problème et une part de plus en plus importante de l'industrie française touchée par le phénomène des délocalisations.

Ne croyez pas, M. Norab, que les entreprises qui partent depuis quatre ou cinq ans en Chine le font parce que les prix de production ont baissé là bas! Non, ils ont au contraire considérablement augmenté. Mais nos coûts, ici, ont augmenté plus vite du fait de l'alourdissement des prélèvements obligatoires. Malgré l'augmentation considérable des couts de production dans les pays émergents, ceux ci deviennent (je dis bien deviennent) attractifs pour des entreprises françaises qui ne se posaient pas la question il y a 10 ans. Alors?


Alors, il existe bien des alternatives. Celle que je privilégie, pour ma part, est la répartition du cout de la couverture sociale par la ponction sur la consommation.

Quelque chose comme l'affreuse "TVA sociale".

Plus vous consommez, plus vous participez au cout de la protection sociale. Quelle que soit l'origine du produit que vous consommez, quelle que soit l'origine des fonds que vous dépensez (salaire, travail au noir, héritage, revenus fonciers ou mobiliers, allocations...), dès lors que vous consommez, vous payez.

Le cout de la main d'œuvre française diminuera considérablement (pas tout à fait 50% qui est le coût des charges actuelles car ce passage d'un système à l'autre devra s'accompagner d'une valorisation de 10 à 20% environ des revenus nets actuels) rendant ainsi les produits français plus concurrentiels sur le marché intérieur (les produits étrangers augmentant du cout de la TVA sociale et les produits français connaissant un cout de production plus faible) mais aussi sur les marchés étrangers. Dès lors, la production industrielle en France retrouvera son attrait. La création d'emplois contribuera à alléger le coût de la protection sociale, l'augmentation de la consommation consécutive à la reprise de l'emploi permettra le financement de nouvelles mesures sociales...

Qu'en disent les détracteurs?

Argument de la gauche démago contre ce type de projet:

Les petites gens cotiseront proportionnellement autant sinon pus que les riches.
Faux.

Les petites gens qui travaillent cotisent aujourd'hui beaucoup plus que les riches: 80% de leur revenus (50% en cotisations salariales, 20% de ce qui reste en TVA (je sais, l'alimentation c'est 5.5%, mais l'essence et les cigarettes c'est plus de 80% et le loto et le pmu c'est 50% et la proportion de ces dépenses dans un petit budget est considérablement plus importante que dans un gros), auquel vous ajoutez la taxe d'habitation, l'IRPP, les taxes sur l'eau, sur la répurgation, sur l'audio-visuel, sur internet, sur l'alcool etc etc..
Le poids relatif de la protection sociale sur les travailleurs pauvres diminuera au contraire avec mon système.

Le vrai problème se posera pour les allocataires.
Trois formes de réponses: Les allocataires professionnels devront être aidés à choisir une autre voie. Les allocataires sans emploi devront être aidés à profiter de la reprise économique. Les allocataires définitifs (retraités sécu, handicapés etc...) verront leurs allocations augmentées en proportion.... en attendant la mise en place de nouvelles mesures (revenu universel..)

Argument de la gauche socialo communiste:

Ce système marque la fin du système de gestion paritaire et l'étatisation du système social.
Vrai.

La parité ne fonctionne pas, c'est le moyen pour un certain nombre d'administrateurs inutiles (syndicalistes choisis par copinage, faux patrons en mal de statut social) de toucher des revenus confortables, des régimes de retraites dérogatoires, de faire vivre une administration pléthorique, le tout avec les cotisations des travailleurs. Au bout du compte, quand il manque de l'argent, qui met la rallonge? Le budget de l'État. Autant que ce soit lui qui gère le tout.


Argument de la droite gestionnaire (et de la gauche du même nom, en fait des énarques).

Le système actuel permet de dissocier les comptes sociaux du budget de l'Etat et donc de sous évaluer le déficit et l'endettement à l'égard de nos partenaires européens et de la Commission de Bruxelles.
Vrai.

Mais personne n'est plus dupe de cette situation qui est régulièrement opposée à nos dirigeants par leurs partenaires étrangers et que l'on voit quasi quotidiennement dénoncée dans la presse étrangère (comme dernièrement quand le Pdt Sarkosy se permit des allusions sur le déficit grec). Et puis moi, j'estime que la politique de la France doit se décider à Paris et pas à Bruxelles. De plus, maquiller les comptes, ça va un moment, mais il va bien falloir un jour mettre cartes sur table et jouer "franc" jeu.


Voilà, cher Norab. Je ne sais pas faire court quand le sujet est intéressant. J'espère en tous cas, même si je ne vous ai pas convaincu de la validité de mon raisonnement, vous avoir montré que le sujet n'est pas aussi simpliste que "c'est ça ou la misère" que nous rabâchent à longueur de journée ceux dont les arrières pensées sont tout autres.

Il existe de multiples solutions.

Cordialement,